Que ce soit en Algérie, en Tunisie ou au Maroc, les luttes sont partout les mêmes et poursuivent des objectifs similaires : dénoncer la politique de précarité et d’exclusion, dénoncer la hausse des prix, exiger le respect des libertés fondamentales et l’amélioration des conditions de vie, condamner enfin l’escalade de terreur que, depuis plusieurs semaines, subissent les manifestants.
Malgré le dédain de la communauté internationale qui, par un laconique appel de Ban Ki-moon à « la retenue et au dialogue » choisit de passer sous silence ces événements, malgré la désinformation intéressée des médias, toujours frileux à l’heure de décrire l’envergure de la répression, le nombre des victimes, et l’importance de cette révolte, la mobilisation spontanée, solidaire, massive, ne cesse de s’étendre : en Tunisie, elle a finit par gagner la capitale, où la répression est brutale.
La rébellion se généralise. Les mobilisations en cours dans ces trois pays sont l’expression du mécontentement, de la colère et du désespoir de la population -et en particulier, de la jeunesse- contre une politique totalitaire qui non seulement dégrade les conditions de travail et de vie de la population, mais applique aussi la stratégie de la terreur pour étouffer la moindre revendication.
Le bilan des affrontements demeure incertain : le nombre de victimes ne cesse de s’alourdir. Les chiffres avancés ne sont que des estimations qui laissent à penser à une réalité encore plus inquiétante, lorsqu’on apprend que les émeutes du week-end ont laissé des blessés si nombreux qu’on ne peut plus les compter. La répression est sanglante : les policiers, et à présent l’armée, sont dans la rue depuis le début du mouvement. Des gaz lacrymogènes très forts ont été massivement utilisés. Les agressions physiques, les enlèvements, les disparitions se multiplient. La police tire à balles réelles sur les manifestants et certaines villes subissent un état de siège depuis plusieurs jours.
L’Algérie connaît depuis quelques jours des épisodes de révolte qui ont également fait plusieurs morts, des blessés et plus de mille personnes ont été arbitrairement arrêtées. Au Maroc, la répression est tout aussi sanglante : des blessés lors des manifestations, des personnes arrêtées qui ont subi des tortures, les rassemblements de soutien à la Tunisie ont été interdits.
À présent, Ben Ali quitte le pouvoir promettant ainsi le retour au calme ; cependant, ce geste est peu rassurant face à la présence de plus en plus massive de militaires dans les rues, au couvre feu imposé et à la détresse de la population qui craint encore le pire.
La Confédération Nationale du Travail réitère son indignation face à la violence subie par la population de ces pays. Nous dénonçons, une fois de plus, les politiques de terreur et nous exigeons l’arrêt immédiat des tueries, la libération immédiate des personnes incarcérées ainsi que l’arrêt des poursuites judiciaires entamées à leur encontre.
Nous condamnons également le collaborationnisme de l’état français qui, non content de piller systématiquement ces pays, propose ouvertement, par la voix de M. Alliot-Marie, son aide à la répression.
Nous appelons à des actions, à des mobilisations, ici et ailleurs, pour exiger la fin immédiate de la répression. Nous appelons à la solidarité urgente, dans chaque ville, dans chaque pays, avec nos camarades algériens, tunisiens, marocains.
Un coup contre l’un d’entre nous est un coup contre tous !