Nous annonçons à la confédération Nationale du Travail la création d’un nouveau syndicat : Le Syndicat de l’Industrie Informatique (SII).
Nous tenons à préciser que ce syndicat n’est pas et ne sera pas un syndicat dont les membres sont des informaticiens, mais au contraire, s’adresse à l’ensemble des travailleuses et travailleurs de l’industrie et des services informatiques.
Cette précision est d’autant plus importante que nous condamnons la logique corporatiste des autres grandes confédérations.
Pour entrer dans le vif du sujet, nos buts sont les suivants :
? défendre les intérêts économiques, professionnels et moraux des travailleuses(eurs)
? former et organiser les travailleuses(eurs) pour l’abolition du Salariat, du Patronat et de l’Etat
? instaurer des conseils de travailleuses(eurs) pour la réappropriation des moyens de production de distribution et de consommation.
En outre, nous agirons selon les principes du syndicalisme révolutionnaire, notamment par la mise en œuvre de l’action directe, de l’autogestion et par l’affirmation de la lutte des classes.
Ni plus, ni moins !
Après cette petite introduction (très abstraite, très formelle), une petite présentation de l’industrie des services informatiques s’impose.
L’industrie des services informatiques regroupe l’ensemble des entreprises dont le métier cœur est la délivrance de prestations de services informatiques.
Elle regroupe les Sociétés de Services Informatiques (S.S.I.I.) entrant la plupart dans la catégorie des P.M.E et des grands groupes industriels (I.B.M, COMPAQ, …).
Ces deux types d’entreprises connaissent aujourd’hui une forte croissance car elles bénéficient d’une externalisation des départements informatiques des entreprises et d’autre part, la remise d’une grande partie du secteur public (TELECOM, SNCF,…) aux intérêts privés est une manne providentielle.
Il faut savoir qu’un ingénieur informatique, en mission, est facturé à la journée autour de 4500 francs hors taxe : le contribuable appréciera.
Les travailleuse(eurs) du secteur de l’industrie des services informatiques dépendent d’une des deux conventions collectives suivantes: ? la convention collective de la métallurgie ; ? la convention collective des bureaux d’études techniques, cabinets d’ingénieurs-conseils et sociétés de conseils.
L’ensemble des travailleuses(eurs) des S.S.I.I. est plutôt soumis (le terme est opportun !) à la deuxième convention collective qui porte habituellement le nom d’une organisation patronale (SYNTEC) signataire de ladite convention .
En effet, cette convention est très récente (1988) et a pour réputation de pencher très favorablement en faveur des employeurs.
L’activité principale du secteur de production présent se résume souvent à la création et à l’installation de systèmes logiciels et au « consulting » : la vente de matériel est accessoire dans le chiffre d’affaire des SSII et des grands groupes industriels informatiques.
Cela induit que le chiffre d’affaire réalisé porte sur la main d’œuvre et non sur le matériel : le ratio est de l’ordre 8/1 en moyenne.
Ainsi , contrairement aux idées reçues, le progrès technologique n’a pas aboli l’extorsion de la plus-value sur la main d’œuvre.
D’ailleurs l’activité commerciale principale consiste, selon leurs propres dires, à « fourguer de la viande », à gérer des « ressources humaines ».
Bien sûr les salaires augmentent – sans proportion avec la croissance des bénéfices – mais ces augmentations profitent uniquement au personnel « hautement qualifié » et non au personnel administratif (employé, agent technicien,…).
Inutile d’ajouter que cette croissance d’activité infère une augmentation des heures supplémentaires non payées, car les ingénieurs et cadres ont une rémunération forfaitaire (et on n’a pas toujours la possibilité de refuser le statut de cadre) et parce que le personnel administratif est le personnel administratif !
Avec la mise en œuvre de la loi sur les 35 heures, il existe pour nous une opportunité à saisir par les revendications suivantes : ? réduction à 35 heures sans heures supplémentaires ou annualisation ? pas de réduction de salaire, ni aujourd’hui ni jamais. Les bas salaires doivent être amenés au niveau des salaires plus élevés.
Attention, il ne s’agit pas pour nous de défendre cette loi car d’une part elle fait silence sur la question salariale – a contrario, une baisse de salaire est possible notamment pour les nouveaux embauchés après la mise en application de la réduction effective du temps de travail – d’autre par, elle autorise la semaine à 48 heures – grâce à une modulation du temps de travail – et enfin elle pemet d’étendre le caractère forfaitaire de la rémunération à d’autres catégories de salariés.
D’ailleurs la renégociation de la convention collective de la métallurgie le confirme.
En effet, conformément à la loi d’orientation et d’incitation à la réduction du temps de travail du 13 juin 1998, des négociations devraient s’ouvrir entre les organisations.
Notre syndicat, au delà des pétitions de principe sur l’autogestion ou les vertus de l’anarcho-syndicalisme aura pour rôle d’assurer une défense effective des travailleuses(eurs) de l’industrie et des services informatiques par un syndicalisme de combat au quotidien.