Le développement actuel du secteur économique de l’informatique ne relève pas du seul progrès scientifique des microprocesseurs ou des moyens de communication. Il s’agit fondamentalement de formidables progrès de productivité. Cette réalité imposée de part le monde par les structures de domination des systèmes (informatiques ou pas), nous, hommes et femmes de ce secteur, la subissons tous les jours. Que nous soyons en cravate, en talons aiguilles, en bleus ou en jeans… Pour certains d’entre-nous, et dans un premier temps, des avantages salariaux, la possibilité de travailler. Mais en fin de compte : précarité des emplois, flexibilité de notre temps de travail, de nos salaires et de nos droits…
Comme appât, les salaires augmentent – sans proportion avec la croissance des bénéfices – mais ces augmentations profitent surtout au personnel « hautement qualifié » et aux chefs et sous-chefs, laissant aux programmeurs, aux techniciens, aux opérateurs, aux secrétaires et au personnel administratif les miettes du festin.
Inutile d’ajouter que cette croissance d’activité induit une augmentation des heures supplémentaires non payées, car les ingénieurs et cadres ont une rémunération forfaitaire (et on n’a pas toujours la possibilité de refuser le statut de cadre) et parce que le « petit personnel » se doit de rester petit !
Les entreprises « créent des richesses » nous martèle-t-on. Nous sommes collectivement les seuls à créer la richesse par notre travail. Et les bénéfices filent directement en bourse et dans les banques d’une minorité ; s’ils sont réinvestis dans l’entreprise ce n’est que dans l’optique d’accroître encore et toujours les bénéfices.
Et dans les entreprises d’informatique comme ailleurs, les patrons imposent l’idée selon laquelle rien n’est possible sans chefs, et justifient donc leurs privilèges et notre exploitation.
La situation de l’emploi contraint chaque jour plus de jeunes à accepter les exigences de formation et d’embauche (stages, CDD, langages obsolètes et hyper-spécifiques…), et l’État, à grands renforts de subventions, encourage les créations d’entreprises de sous-traitance au service des grands monopoles multinationaux.
Face à cette situation, nous annonçons la création d’un nouveau syndicat, unique par ses méthodes :
- Sans permanents ni bureaucrates
- Fédéraliste
- Ayant comme seule instance de décision les assemblées générales
Ce nouveau syndicat se nomme le Syndicat de l’Industrie Informatique (SII), de la région parisienne.
Il fait partie intégrante de la Confédération Nationale des Travailleurs – Solidarité Ouvrière (CNT-Solidarité Ouvrière), qui regroupe des syndicats révolutionnaires qui ne collaborent ni avec le capitalisme ni avec aucune sorte d’État.
Notre syndicat n’est pas et ne sera pas réservé aux seuls informaticiens mais s’adresse au contraire à l’ensemble des actrices et acteurs de l’industrie et des services informatiques.
Cette précision est d’autant plus importante que nous condamnons la logique corporatiste et frileuse des autres grandes confédérations et syndicats.
Nos méthodes visent à ce que chaque syndiqué se prennent en main, et pour nous, le mot solidarité n’est pas qu’un mot gravé sur les frontons des mairies ou des syndicats.
Par l’interaction permanente entre individu et société nous ne concevons pas de révolution du travail sans révolution sociale, de partage du travail sans partage des richesses. Or tous les projets existants de changement politique ne remettent pas en cause les groupes dominants.
Nos buts sont les suivants :
- Défendre solidairement, sans subventions ni démagogie, les intérêts économiques, professionnels et moraux des travailleuses(eurs) dans le domaine de l’informatique.
- Développer et mettre en pratique des analyses et des actions pour contrecarrer les projets et pratiques des décideurs des entreprises d’informatiques et de l’État (il peut par exemple s’agir de promouvoir le logiciel libre ou de combattre le fichage généralisé de la société par des moyens informatiques).
- Travailler à imaginer et expérimenter des façons différentes de travailler et de vivre, en condamnant les rapports d’autorité (patrons/salariés, hommes/femmes…).
- Considérant que la fin ne justifie pas les moyens, mais qu’au contraire les moyens ne doivent pas contredire les buts, notre objectif est l’élimination du salariat et des nomenclatures. Donc, lutter pour la justice et la liberté.
Ce syndicalisme qui est la source de tout syndicalisme, c’est l’anarcho-syndicalisme.
L’action directe est notre principale méthode, c’est à dire que nous évitons toute médiation de la part de fonctionnaires de l’État, quelle que soit sa couleur, vu que ceux-ci satisfont presque systématiquement les exploiteurs, quand ils le sont pas eux-même.
Nous ne détenons ni la lumière, ni la vérité. Nous sommes des gens qui en ont marre et qui refusent de se résigner : nous voulons lutter, donner un sens à notre vie, au delà des lignes de code (même si on les aime bien).
Avec le Syndicat de l’Informatique nous nous donnons les moyens à la fois de lutter contre l’autorité arbitraire du « manager », contre les conditions de travail qu’on nous impose, et de commencer à bâtir une société juste et libre.
N’hésitez pas à nous contacter !