Communiqué de presse du 30 décembre 2010
Face à la grève des aiguilleurs et contrôleurs aériens, le gouvernement espagnol bafoue les droits constitutionnels en décrétant l’état d’alerte.
Jeudi 30 décembre 2010 – Paris – Le gouvernement espagnol a déclaré l’état d’alerte pour répondre à la grève des aiguilleurs et des contrôleurs aériens. Cela suppose la militarisation de l’espace aérien espagnol pour une durée indéterminée. Un conflit qui relève du monde du travail a donc provoqué la suspension, à effets pratiques, des droits constitutionnels et l’intervention de l’armée. Cette situation exceptionnelle est en vigueur depuis le 4 décembre et n’a pas été levée ; elle risque de devenir indéfinie si le gouvernement ne trouve pas une solution convenable au conflit qui l’oppose aux contrôleurs.
Ceci est un antécédent gravissime, car il suppose la suspension, à effets pratiques, des droits constitutionnels – et donc du droit de grève, entre autres, dans n’importe quel secteur. Ceci pourrait être, à l’avenir, pris comme une mesure d’exception, efficace de l’avis du gouvernement, pour mettre fin à n’importe quel mouvement de grève et pour réprimer toute riposte sociale.
La problématique de fond relève d’une mauvaise gestion, de la part du gouvernement, dans un conflit qui date de loin et qui l’oppose de façon récurrente à une corporation : le problème qui se pose ici est tout d’abord la mauvaise gestion de la part du gouvernement, qui a favorisé la privatisation d’AENA (Aéroports espagnols et navigation aéronautique) et l’enrichissement de la classe patronale. En effet, le gouvernement a décidé de vendre AENA pour percevoir l’argent qui lui est nécessaire afin de payer la dette publique. Ensuite, la promulgation de l’état d’alerte
comme mesure pour résoudre un conflit d’ordre social suppose une des plus fortes attaques contre le droit du travail et les droits sociaux, jamais subies en Espagne depuis la consolidation de la démocratie, en 1982.
Le recours à l’armée est donc l’issue de secours prise par le gouvernement pour résoudre les problèmes sociaux qu’il a lui-même provoqués !
Ceci n’est pas nouveau : la crise et ses effets sont devenus les arguments en or qui justifient le mépris absolu et l’autoritarisme du gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero. Ainsi donc
ce gouvernement, qui se veut socialiste, fait le choix d’agir à coups de décrets-loi, en refusant le droit à la négociation collective, le droit du travail et les droits sociaux.
Face à la violence de l’état, de la classe patronale et de leurs sbires, la grève et le non accomplissement des règles sont tout aussi légitimes.
C’est pourquoi la CNT française manifeste son indignation contre la militarisation, de l’espace aérien espagnol. La CNT, en solidarité avec l’ensemble des travailleurs et la CGT – espagnole, dénonce l’attitude autoritaire du gouvernement espagnol qui, incapable de résoudre les manières par la voie démocratique, fait ainsi preuve d’une claire dérive néolibérale.
Le Secrétariat International – CNT